Hommage à Samuel Paty

Ce vendredi 15 octobre, l’ensemble des élèves et des personnels de l’établissement se sont réunis dans la salle Colette Besson en présence de Monsieur Tourmente, sous-préfet de l’arrondissement de Dunkerque, Madame Malabre, directrice académique adjointe, Madame Vanpeene, conseillère départementale et Monsieur Deschodt, maire de Watten. Après quelques mots prononcés par Mme Malabre et M. Tourmente, une minute d’un profond silence a été respectée en hommage au professeur assassiné. Deux élèves ont ensuite donné lecture de la lettre de Jean jaurès aux instituteurs, texte de 1888 reproduit ci-dessous dans sa version courte, tel qu’il avait été lu dans la cour d’honneur de la Sorbonne à Paris le 21 octobre 2020.

« Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de toutes nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fierté unie à la tendresse.

Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en veillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort.

Sachant bien lire, l’écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée, très générale, il est vrai, mais très haute de l’histoire de l’espèce humaine, de la structure du monde, de l’histoire propre de la terre dans le monde, du rôle propre de la France dans l’humanité. Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l’esprit ; il n’est pas nécessaire qu’il dise beaucoup, qu’il fasse de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu’il leur donnera concourent nettement à un tableau d’ensemble. De ce que l’on sait de l’homme primitif à l’homme d’aujourd’hui, quelle prodigieuse transformation ! et comme il est aisé à l’instituteur, en quelques traits, de faire sentir à l’enfant l’effort inouï de la pensée humaine !

Je dis donc aux maîtres, pour me résumer : lorsque d’une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et lorsque d’autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la conscience humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années oeuvre complète d’éducateurs.

Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront. »

Jean Jaurès (15 janvier 1888 in « La dépêche de Toulouse »)

 

A l’issue de cette cérémonie très forte, les enseignants ont travaillé avec les élèves sur l’importance de l’école et la chance qui est la leur d’être enfants d’un pays qui permet une instruction de qualité, de la mission des enseignants ou de la liberté d’expression.

Ci-dessous quelques productions d’élèves sur la la liberté d’expression

 

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